Le statut du dugong en Nouvelle-Calédonie
Présent dans les zones tropicales et subtropicales, de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au Vanuatu, le dugong est un mammifère marin herbivore, qui vit dans les eaux lagonaires peu profondes, près des zones côtières. En Nouvelle-Calédonie, il fréquente surtout la côte Ouest et la côte Nord-Est de la Grande-Terre.
Classé « vulnérable » à l’échelle mondiale, sur la liste rouge des espèces menacées par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), l'espèce est en régression sur l’ensemble de son aire de répartition. En Nouvelle-Calédonie, on estime aujourd’hui qu’il ne reste que quelques centaines de dugongs. En 2023, le statut du dugong de Nouvelle-Calédonie est passé de vulnérable à en danger d’extinction, en raison de son déclin rapide et du fait de son isolement géographique vis-à-vis des pays voisins.
Enjeux pressions et menaces
Animal emblématique de la culture kanak, le dugong – ou vache marine –, revêt une importance particulière au sein de l’ensemble des communautés locales qui l’ont longtemps chassé. Aujourd’hui, malgré les efforts réglementaires et une certaine prise de conscience quant aux enjeux de conservation, le braconnage persiste et remet en question la survie de cette espèce en Nouvelle-Calédonie. S’ajoutent à cela d’autres menaces, telles que le risque de collision avec les bateaux dans le lagon, les captures accidentelles, les perturbations intentionnelles ou encore la dégradation de son habitat naturel.
Stratégies de conservation
À l’échelle internationale :
Un mémorandum d’entente sur la conservation et la gestion des dugongs et de leurs habitats dans l’ensemble de leur aire de répartition a été mis en place par la Convention pour les Espèces Migratrices (CMS). Son objectif est de favoriser les actions transfrontalières en faveur des populations de dugong et de leurs habitats. Il est effectif depuis le 31 octobre 2007. Il avait alors été signé par 7 pays abritant des populations de dugong – dont la France (présence de dugongs dans les eaux de Mayotte et de la Nouvelle-Calédonie) – et regroupe aujourd’hui 26 pays signataires.
À l’échelle du Pacifique :
Le Programme Régional Océanien de l’Environnement (PROE) et la CMS travaillent en étroite collaboration, et ont signé, en 2005, un protocole de coopération ayant pour but principal de renforcer la programmation conjointe de leurs activités. Le plan d’action local pour la sauvegarde du dugong en Nouvelle-Calédonie suit les recommandations du Mémorandum d’Entente. Un plan d’actions pour la sauvegarde du dugong a été mis en place à partir de 2008 par le PROE, il est organisé en 5 thèmes clés sur la période 2013-2017.
À l’échelle locale :
En Nouvelle-Calédonie, la chasse au dugong est interdite, sauf dérogation pour des fêtes coutumières, dans toute la Nouvelle-Calédonie depuis 1962. Depuis 2004, la province Sud a totalement interdit la chasse, même pour un évènement coutumier, alors que des dérogations peuvent toujours être délivrées en province Nord pour certaines fêtes coutumières. Le nombre de dérogations délivrées dans cette province reste cependant faible (15 entre 1995 et 2004, aucune depuis 2004).
Un plan d’action dugong
À l’initiative des provinces, une démarche pérenne de conservation de la population de dugongs et de son habitat à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie a été mise en place en 2009 et a pris la forme d’un Plan d’Action Dugong (PAD). Le PAD est actuellement dans sa seconde phase. Une nouvelle feuille de route (phase 3) devrait être élaborée début 2025.
Son fonctionnement est basé sur un travail collaboratif des acteurs qui possèdent les leviers pour agir en faveur de la conservation des dugongs et de son habitat, à savoir les gestionnaires, les établissements publics, les associations et les instituts de recherche.
Les membres du plan d’action dugong :
Depuis 2017, le Plan d’Action Dugong est coordonné par l’ANCB. L’ANCB assure la mise en œuvre d’une partie des actions, suit et valorise les actions menées par les partenaires, anime le comité technique PAD et joue le rôle de point focal local, national et international.
Contact de la responsable de l’animation du PAD : chargemissionPAD.polemarin@ancb.nc
PHASE 1 (2010-2015)
La première phase du PAD visait à initier une démarche participative, collaborative et pérenne en faveur de la préservation du dugong. Un bilan des actions menées dans le cadre de cette première phase a été réalisé en 2016.
PHASE 2 (2016-2024)
À l’issue de la phase 1, plusieurs constats ont été mis en exergue, notamment la persistance du braconnage, le manque de connaissances sur les dugongs de Nouvelle-Calédonie, ou encore la méconnaissance du public vis-à-vis du statut de vulnérabilité du dugong.
Afin de poursuivre les efforts de conservation, quatre thématiques prioritaires ont été définies, dans le cadre de la phase 2 :
- Lutter contre les menaces : volet gouvernance
Éviter toute mortalité d’origine anthropique pour permettre à la population de retrouver sa capacité de résilience.
Suivre le statut de la population : volet connaissance
Observer l’évolution de l’état de santé de la population afin d’évaluer les effets des actions engagées et adapter les mesures de gestion entreprises.
Acquérir de nouvelles connaissances : volet connaissance
Identifier de nouveaux traits de l’écologie des dugongs de Nouvelle-Calédonie pour améliorer les actions de protection mises en œuvre.
Mobiliser les néo-calédoniens : volet sensibilisation/communication
Sensibiliser l’ensemble des habitants du territoire afin de faire respecter l’animal et son habitat ainsi que de faire prendre conscience de l’importance de remonter des informations sur les dugongs.
Les actions pilotées par l'ANCB
Les actions en cours
Exemple d'action déjà réalisée
Le bilan de la mise en œuvre de la phase 2 du PAD est en cours d’élaboration.
En savoir + sur la biologie des dugongs
Pour en savoir plus sur cette espèce emblématique de Nouvelle-Calédonie, consultez ce livret explicatif.